On déambule minuscule dans la ville le soir. Les rues aimées tant marchées défilent, trottoirs. Somnambule, on cherche à faire revivre d’un passé lointain un sourire, un visage, une silhouette parfaite. Avec patience, on lèche les vitrines des bars le soir, pour retrouver à l’envers un visage dans un miroir. Les buveurs s’agitent au comptoir, les reflets se brouillent, on n’est pas sûr de ne pas avoir furtivement aperçu la nuque aimée penchée sur une verre, les lèvres adorées noyées dans la mousse. On revient de loin, de bien trop loin... On poursuit sa route, incertain, jusqu’au prochain comptoir où, inlassablement accoudés, les buveurs se marrent.